Abstract
<jats:p>Quels paradoxes de gestion entrent en jeu dans la sphère publique locale et comment sont-ils gérés ? Cette question est posée dans le cadre des politiques publiques d’amélioration de la qualité de l'air. La pollution de l’air est chaque année responsable de 48000 à 100000 décès prématurés en France. Face à cet enjeu majeur de santé publique, l’État oblige les différentes organisations locales à travailler collectivement et dans un cadre de collaboration pour une amélioration effective. Cette injonction de travail collectif se heurte à de nombreux changements, tels que la modification des compétences, la création de métropoles ou encore la fusion d’intercommunalités. Cette obligation interroge d’autant plus que les pratiques de management inter-organisationnel sont propices au développement de tensions paradoxales. Pour déterminer quels sont les paradoxes présents dans le cas de l’amélioration de la qualité de l'air et la manière dont ils sont gérés, l’article mobilise ainsi la littérature sur les paradoxes de gestion (Smith et Lewis, 2011) et s’intéresse particulièrement à une typologie des paradoxes dans un cadre inter-organisationnel (Missonier, 2013), ainsi qu’aux pratiques de gestion des paradoxes (Josserand et Perret, 2003). Les résultats sont issus d’une étude de cas multiples conduite sur trois territoires métropolitains (Métropole du Grand Paris, Grenoble-Alpes Métropole et Eurométropole de Strasbourg). Les données collectées ont été traitées à travers une analyse de contenu thématique faisant suite à un processus de codage dit a prio-steriori (Allard-Poesi, 2003). Il ressort de cette recherche que l’action publique en faveur de la qualité de l'air est entravée par de nombreux freins d’ordre institutionnel, organisationnel, politique ou encore stratégique. Ceux-ci tendent à se cumuler et à former des tensions paradoxales. Huit paradoxes de gestion sont ainsi identifiés sur les territoires étudiés. Bien que certaines pratiques de gestion des paradoxes (Josserand et Perret, 2003) soient mises en œuvre par les acteurs locaux, la gouvernance de l’air demeure ancrée dans un cercle vicieux. Envisager cette dernière en tant que communauté d’enquête et à travers le concept de travail institutionnel (Zietsma et Lawrence, 2010) fournit des éléments de réponse pour concilier certaines tensions paradoxales repérées.</jats:p>